Pourquoi parler de projet ?
Pour un enfant, comme pour les professionnelles qui s’en occupent ainsi que pour les parents qui l’élèvent, il est primordial de vivre dans un climat de confiance mutuelle. En effet, pour l’enfant, il est préférable de sentir une cohérence entre la maison et le milieu d’accueil. Celle-ci lui permettra de dégager une vision unifiée et d’évoluer dans une trajectoire sécurisante et structurée.
Notre projet s’inscrit dans la continuité du travail des parents. La participation des parents est essentielle et permet à l’enfant de faire le lien entre sa vie en crèche et sa vie familiale.
A cet effet, outre les échanges quotidiens, nous projetons l’organisation de rencontres plus formelles qui invitent à une cohérence toujours croissante dans le travail de tous les jours. Ainsi, au court le l’année, différentes rencontres vous seront proposées telles que : les conférences en partenariat avec la ville de Wavre, la fête de la Saint Nicolas, le petit déjeuner au retour des vacances… De plus, l’équipe du cadre tente d’être un maximum à l’écoute des parents et de leurs interrogations. N’hésitez pas à nous interpeller pour nous faire part de vos réflexions.
En quoi consiste ce projet ?
La confiance et la sécurité sont les fondements de chaque individu. Si nous voulons poser cette évidence en termes de projet de société, nous souhaitons que les enfants apprennent à devenir des adultes sécurisés, confiants en leurs capacités propres et capables de créer eux-mêmes leurs propres projets.
Quelle est la base de notre travail ?
Encourager la confiance en soi et la sécurité de base de chaque enfant.
Eveiller chacune de ses potentialités personnelles dans des domaines sensoriels, manuels, psychomoteurs, intellectuels.
Les puéricultrices adaptent leur travail au quotidien en fonction des dynamiques individuelles des enfants ; des réunions d’équipe ainsi que des observations régulières nous aident dans ce sens.
Une fois par mois, Anne Pousseur, notre psychomotricienne, vient à la crèche pour observer les enfants d’une section et nous aiguiller dans nos observations et réflexions. Nous avons aussi la possibilité de travailler en réseau avec divers intervenants extérieurs (l’AWIPH, Caravelle, le Service d’Aide Précoce, kinésithérapeutes, psychomotriciens, …).
Nous encourageons également l’ensemble du personnel à participer à différentes formations selon les envies et besoins de chacun, mais aussi selon un plan de formation élaboré pour une période de trois ans sur base d’évaluations individuelles (formations internes, externes, collectives et/ou individuelles).
En pratique, comment cela se passe-t-il ?
Entre 0 et un an
Au cours de cette période, l’enfant développe le “j’existe”. Progressivement, il prend conscience qu’il y a “l’autre”. Avant 3 mois, l’enfant est essentiellement sensoriel, c’est-à-dire que sa vie est faite d’émotions globales telles que la tendresse, la chaleur, la sécurité, l’amour …
Aux environs de 3 mois, il commence à sortir de la “symbiose mère-enfant” et s’ébauche alors un éveil vers l’extérieur. Le bébé a grand besoin de contacts physiques, de tendresse, “d’enveloppe affective” et doit également se sentir individualisé au sein d’un groupe. Il peut d’ailleurs déjà construire des attachements (liens) multiples.
Mais l’établissement de ces liens n’est possible que si les personnes qui l’entourent répondent adéquatement à ses besoins et sont suffisamment “présentes” affectivement pour lui.
L’attachement créé entre un bébé et une puéricultrice n’est pas comparable aux liens d’attachement initiaux, maternels.
La puéricultrice soutient les parents dans leur fonction, et veille à ne jamais prendre leur place auprès de l’enfant.
C’est pourquoi la période de séparation entre la mère et le bébé ainsi que l’entrée du petit à la crèche sont toujours dignes d’attention. La période de familiarisation organisée par la crèche et étalée sur une quinzaine de jours prend ainsi toute sa signification.
L’objet transitionnel (le doudou) tient une place importante dans la vie du petit. Il relie maman et enfant et assure à l’enfant la perception de la continuité de la relation.
Il apporte la sécurité dans le processus de séparation vécu. Tout objet, tout “doudou” investi par un enfant à la maison et empreint de la présence maternelle sécurise et apporte le bien être.
Au départ l’objet est choisi par les parents puis, par la suite, l’enfant fera le choix lui-même de son “doudou”.
Pendant toute la première période à la crèche, la puéricultrice aide l’enfant à découvrir le monde extérieur et l’encourage à réussir ses essais. Soucieuse du rythme personnel du bébé, elle lui donne confiance en lui-même et en ses capacités. Il est essentiel que l’enfant, durant cette période, sache que son activité propre dépend de son vouloir. Grâce à différents moyens, la puéricultrice aide le petit dans sa recherche de sécurité, de stabilité et d’équilibre.
L’importance d’un portage sécurisant :
A la crèche, la majorité des puéricultrices suivent une formation de quelques jours sur le langage corporel avec notre psychomotricienne Anne Pousseur.
Elles y apprennent à décoder le langage corporel des jeunes enfants mais sont aussi sensibilisées à la manière de porter les bébés. Ce portage sécurisant permettra à l’enfant d’être suffisamment rassuré dans son corps pour pouvoir l’investir mais aussi se tourner vers l’extérieur.
Le centre d’équilibre du corps est le bassin.
Tout s’organise autour de celui-ci. Il est donc important de porter un enfant en le maintenant avec toute la sécurité voulue au niveau du bassin. Cette attitude lui permet de trouver un équilibre correct tout en gardant la liberté maximale au niveau des membres.
De plus, une main sur la base du crane (l’occiput) permettra à l’enfant non seulement de se sentir réellement soutenu mais aussi de se centrer sur son axe et donc de le construire petit à petit.
L’apprentissage de la dissociation entre le bassin et le haut du corps est important puisqu’il permet de préparer l’enfant à pouvoir se retourner par lui-même et par la suite à marcher à quatre pattes. Couché sur le dos, des jeux de bascule encouragés par l’adulte rendent l’enfant conscient de la possibilité d’une telle dissociation nécessaire pour l’acquisition des étapes ultérieures de son développement. (voir le schéma ci-dessous).
Nous sommes sensibilisées au développement moteur de l’enfant et tentons de mettre le moins souvent possible un enfant dans une position qu’il ne peut atteindre seul. Trop nombreux sont les bébés assis très tôt qui passent alors outre la possibilité d’apprendre à bouger et connaître leur corps. Parfois, ces enfants sont alors démunis car dépendants d’une position qu’ils ne peuvent atteindre seuls.
Au travers du chant et des berceuses, les puéricultrices offrent aux enfants des moments de tendresse, de calme et de “présence”.
Outre la présence des puéricultrices auprès de l’enfant, l’aménagement de l’espace revêt une importance non négligeable.
“Les aménagements de l’espace sont de formidables révélateurs des compétences dont chaque enfant est porteur, surtout quand il évolue dans un climat de sentiment de sécurité corporelle et intérieure” (Montagnier).
Jusqu’à 6 mois, l’enfant doit évoluer dans un espace qui engendre la sécurité. La puéricultrice favorise donc les coins doux et les espaces enveloppants. Différentes surfaces sont délimitées par des cubes de mousse, des tapis de consistance et de hauteurs différentes, un environnement suscitant la chaleur et l’intimité. Le mobilier doit favoriser la présence des adultes au sol.
Après 6 mois, l’aménagement répond aussi au besoin de se déplacer et d’attraper les objets. L’enfant est alors entouré de jeux variés au niveau de leur forme, de leur couleur, de leur odeur …
Entre 1 an et 2 ans
L’enfant développe plus particulièrement le côté “j’explore”. Il évalue l’espace et teste ses capacités motrices. Il monte, descend, glisse, saute, se balance et touche à tout.
Ici aussi la puéricultrice l’accompagne dans son projet en l’aidant à acquérir sa propre confiance en lui et sa sécurité. Elle l’invite à être l’initiateur de ses découvertes, de son activité, de son jeu. Elle lui rend possible différents terrains d’expériences tels que les activités d’eau, de sable, de grains qu’il verse, transvase et vide indéfiniment.
Dans cette phase d’expérimentation sans cesse affinée grâce aux répétitions, il acquiert les notions de contenu, contenant, volume et taille.
Pour que l’enfant puisse tirer un maximum d’expériences à la crèche, nous aménageons une pièce spécialement conçue pour ce type d’activité en petits groupes (4-5 enfants).
Un autre local est aménagé en “coin lecture, diapositives”. Cette pièce est un endroit magique où durant un moment l’enfant et l’adulte peuvent se rejoindre dans le monde imaginaire du livre et des images. Durant ces moments, surgit une complicité intense entre l’adulte et l’enfant. Par les histoires, on rit, on s’inquiète, on s’interroge, on se découvre, on se développe, on grandit… on appelle cela un moment “privilégié”, un moment “plein”. La phrase se construit davantage, traduit l’intention réfléchie, prépare l’action réelle.
Au cours de toute la journée et particulièrement pendant ces activités, l’existence de la relation reste essentielle : relation entre l’adulte et l’enfant, relation des enfants entre eux.
A cet âge, l’aménagement de l’espace doit faire l’objet de l’attention des grands. Il permet à l’enfant de grimper, de sauter, de courir, de se cacher et de s’isoler de temps en temps. Libre cours est donné à ses impulsions et à son besoin d’activités.
Le soir, les enfants invitent souvent leurs parents à entrer dans leur lieu de vie; ils racontent à leur manière ce qui est important pour eux. Ils entretiennent ce lien indispensable entre la crèche et la maison.
Entre 2 ans et 3 ans
L’enfant affine son processus de pensée. Il se consacre à des acquisitions plus délicates, il parfait son autonomie et entame l’apprentissage plus socialisé de la vie en groupe.
Au niveau moteur, il améliore son équilibre, accroît son agilité, réalise des gestes toujours plus précis qu’il met au service de sa pensée.
Au niveau psychoaffectif, il apprend à entrer en relation avec les autres enfants grâce à sa capacité de différenciation.
Son identité se construit et la puéricultrice valorise cette acquisition grâce à son attitude et à la mise en place de jeux adaptés. Apparaissent les jeux de représentation et d’imitation (dînette, téléphone…) et les jeux symboliques qui laissent place à l’imaginaire (caisses, tissus, déguisements…).
La participation de l’adulte à ces jeux est primordiale : elle est la garantie pour l’enfant qu’il peut entrer dans l’imaginaire, que l’adulte le reconnaît dans son activité et qu’il le confirme dans son désir d’apprendre. Accompagner l’enfant dans l’acquisition de son autonomie et dans l’apprentissage de sa sociabilité par le biais du jeu est essentiel à cette étape.
La propreté est une des acquisitions importantes de cet âge. Elle implique une grande maturité de l’enfant qui doit avoir parcouru les étapes nécessaires sur le plan moteur et affectif pour y parvenir.
Il est donc essentiel d’attendre que l’enfant soit prêt. Cet apprentissage commencé à la maison est poursuivi à la crèche comme toute autre activité, sans contrainte.
Les adultes décident avec l’enfant du moment opportun pour retirer le lange et le lieu de propreté est aménagé de telle sorte que l’enfant l’utilise quand il le désire.
Il entrera ainsi à l’école, non pas quand il sera propre, mais lorsqu’il aura acquis un certain nombre d’apprentissages dont la propreté est une des actions révélatrices.
Ce projet écrit ne peut être exhaustif et n’est certes pas définitif.
Il témoigne seulement de notre désir à tous de nous laisser emporter par l’aventure de grandir.
Il réitère notre foi dans la force et l’extraordinaire élan vital de l’enfant. Il confirme la richesse de la présence et du dialogue où l’enfant et adulte ont part entière.
Toute l’équipe est à votre disposition pour toutes informations complémentaires.